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dimanche 26 août 2007

Vivre à Jasper

Au cours de la dernière semaine, j’ai troqué ma solitude contre quelques rencontres entre amies. Cette fois-ci c’est différent, comme je reste pour quelques temps à un endroit, je partage maintenant un quotidien avec des gens, je travaille et je cohabite à l’auberge avec les autres touristes et les employés de l’auberge.
Je vis à Jasper. Et j’en apprends d’avantage sur le fait de vivre ici. Je ne sais comment aborder le sujet et je voudrais en traiter justement.

C’est une ville touristique, les touristes sont de passage et même les gens qui habitent ici sont ou ont été de passage.
Une ville transitoire.
Pour certain la transition s’est étirée, ils ont pris racines.
« Ça peut avoir un côté malsain... » Une prison dorée. Un air aigri.
« Faire la vie de Jasper » C’est ce qu’on dit.

Ils sont restés pour faire de l’argent, ils sont restés pour les montagnes.
Pour d’autres la vie reste belle, mais sans issue, c’est tout aussi triste.
Pour apprécier, il semble, qu’il ne faille pas rester trop longtemps.

Personne ne semble venir de Jasper, tout le monde est d’ailleurs.
Pour les touristes que je croise au café, je suis une fille de Jasper.

J’ai eu mon premier : « Vous parlez bien français. Où est-ce que vous avez appris ?»
Une québécoise de l’Île d’Orléand! Vous imaginez ! J’étais bouche bée…
« J’ai appris le français à la même place que vous Madame ! »

Je me sens de passage, mais je ne rends compte qu'on trouve rapidement sa place dans un endroit comme ici; j’ai des habitudes qui s’installent.
Voilà un signe.
Est-ce que je prends racines aussi ?

Il y a un très grand roulement de personnes et d’employés partout. Ceux qui passent sont visiblement ici pour faire de l’argent. Les salaires sont bons, on fait de l’argent et l’on poursuit son voyage ; je ne suis pas l’exception. Je suis la règle.

Certains sont en voyage depuis vraiment longtemps, ils sont passé à Jasper, sont venus faire de l’argent, sont repartis et revenus pour la même raison.
En voyage depuis tellement qu'ils n'ont plus de point de départ, ni d'ancrage.
Rares sont ceux qui savent ce qu’ils feront après, si ce n’est qu’un autre projet de voyage.
Bien entendu, il y a des exceptions.
Et, l’exception fait des personnes exceptionnelles, bouillonnantes et vivantes.

C’est un mode de vie. Le 9 à 5, ne devait pas être pour eux. Mais ça ne veut surtout pas dire qu’ils ne sont pas travaillant… Car là, certains font du 60-70hre par semaine… Travailler un maximum sur une période donnée et en profiter par la suite ; voyager, concrétiser un projet.
Ça a ses avantages, il faut l’admettre. Il y a quelque chose d'immédiat dans cette façon de vivre...

Par ailleurs, le coût de la vie est élevé… dans les épiceries tout à un, deux ou trois dollars de plus qu’à Montréal. Les restaurants sont chers, les boutiques de vêtements sont chers.
Les loyers sont rares et dispendieux. Impossible de penser acheter une maison, même quand on vit ici depuis longtemps. À moins d’être propriétaire de restaurant… et encore ! Certains employeurs offrent des loyers à partager, à prix « raisonnable» pour leurs employés à temps complets. Les loyers des commerces ont aussi des prix de fous, d’où les prix élevés de tout !

Ceux qui sont ici depuis longtemps se sont habitués à voir arriver et partir les gens. Ça fait partie du quotidien. Ça fait partie de leur vie.
Déjà depuis que je suis ici, j’ai vu partir quelques personnes. Et, il y en aura d’autres avant mon départ.
Pratiquement tous les employées des resto et boutiques sont des étrangers. Sans les employés saisonniers, il serait impensable de tenir commerce !

Les vrais locaux travaillent pour Parc Canada, Via rail, et les écoles… Si non, ils sont propriétaires d’un boutique ou d’un restaurant. Ils y travailleront comme des malades durant la saison touristique et chaque année ce sera la folie pour trouver des employés. Et, même les vrais locaux, ne sont pas originaires d’ici.
On dirait que personne ne connaît quelqu’un qui vient de Jasper.
Pourtant, la ville a une âme. Bien plus que Banff… mais jusqu’à quand ? Si les petits commerçants ne peuvent survivre, seuls les grandes chaînes le pourront… J’ai entendu dire qu’il y a quelques années, un McDo avait tenté de s’installer, mais que l’hiver quand les touristes se font rares, les locaux préfèrent aller chez le commerçant qu’ils connaissent…

C’est une petite ville… et comme dans toute petite ville, il y a les rumeurs, les réputations, les histoires enterrées qui ne finissent jamais de se décomposer, les conflits latents. Les histoires d’ex…et parfois des enfants dans ces histoires.

Heureusement pour plusieurs l’exutoire sera le sport ; le vélo de montagne, le hicking et la course. Pour les autres, vous serez surpris de savoir, que l’exutoire est l’alcool, la drogue, les partys et les bars…

Le marché du célibat doit être assez difficile aussi… je ne suis pas beaucoup sortie, mais j’ai entendu des histoires de filles jalouses, prêtes à se battre pour faire regretter d’avoir jeté un œil sur son cavalier !

Et, il y a aussi tous ces sourires de gens qui travaillent dans le public, et aussi la facilité à entrer en contact avec les autres. Le quotidien ne sera peut-être partagé qu’un court instant, alors aussi bien en profiter maintenant. Ça amène une ouverture intéressante, comme les amitiés de voyage spontanées. On prendra le meilleur des gens. On est intéressé à connaître, le parcours, l’arrivée et la destination.

J’ai déjà l’impression d’être ici depuis longtemps. Et, je sais que je serai restée trop longtemps.
J’ai l’appel de la route, mais je me suis engagée. Et, peut-être savez-vous que j’ai l’engagement facile…
Alors, je me concentre sur ce qu’il y a de positif, je pense à mon éventuel départ et à mes projets futurs. Je travaille avec des filles vraiment bien. Je suis chanceuse, je suis tombée sur une bonne équipe. Des filles créatives, intègres et intenses.

Ça reste une petite ville, vous savez ce que c’est… et c’est touristique, alors il y a les travailleurs qui se dépensent, et les touristes qui dépensent. Le tout dans un décor qui est et qui reste à couper le souffle.

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